10/08/2006
Guinguette Pirate,
Paris
Electrophönvintage / Guinguette Pirate / Haiku Bang ! / Saycet
Courageux collectif, Haïku Bang ! tend à servir à la fois de mini-distributeur et de mini-tourneur pour divers groupes, sans forcément s’occuper de tout le catalogue des labels qui les hébergent. Désireux de mettre en place un festival trimestriel (Élément Perturbateur), la structure proposait, en ce jeudi 10 août, la première édition de celui-ci avec une affiche plutôt intéressante, mêlant pop, folk, electronica et post-rock au gré des quatre sets offerts ce soir.
Peu après 20h30, ce sont les Français d’Electrophönvintage qui débutèrent la soirée devant un public clairsemé (les gens arrivèrent plus tard pour finalement former une assistance tout à fait honnête pour un mois d’août parisien). Projet formé autour de Rémi Parson, le trio, auteur de disques sur le label toulousain Unique Records, offrit une pop-folk où la guitare tint la première place avec ses accords basiques et son son typique d’une certaine pop anglaise mid-90’s très influencée par les années 60 (ici rappelées par la frange et la robe de la demoiselle officiant aux chœurs et mélodica). Dès lors, la grosse demi-heure du set déroula tous les « tics » de cette musique : paroles principalement centrées sur les émois amoureux, chansons courtes, batterie jouée aux balais, mince filet de voix de la jeune fille. Comme il fallut en plus déplorer quelques problèmes de justesse de Rémi Parson, des faiblesses dans l’écriture (notamment une incapacité chronique à composer des codas concluantes) et des facilités (mélodica attendu, duo masculin-féminin se répondant), on écouta cette prestation sans passion, ni dégoût non plus, mais en se disant que les Anglais possèdent, en la matière, encore quelques longueurs d’avance.
Place ensuite à la formation qui motivait majoritairement notre déplacement : Reflectiostack, duo de Toronto, dont les quelques titres glanés çà et là nous avaient convaincus et qui, gage de qualité, est signé sur First Flight Records (label de Saint-Louis qui a publié, entre autres, l’excellent album d’Emery Reel). Produisant un slowcore parfois accompagné de rythmiques et nappes lancées d’un séquenceur, Kirsty Andrews (guitare, voix) et Fiona Stewart (violon, chœurs) confirmèrent sur scène tous ces a priori positifs. Alors que la voix légèrement éraillée de Kirsty renforçait cette forme d’attirante étrangeté qui se dégageait de la musique de Reflectiostack, le violon de Fiona intervenait tantôt en support du chant, tantôt comme s’il s’agissait d’une seconde partie vocale. Capables également d’installer des ambiances plus accueillantes, les Canadiennes nous livrèrent donc une prestation tout à fait concluante.
Après avoir tendu un drap devant la batterie qui avait servi pour Electrophönvintage, les Français de Saycet disposèrent leurs machines (laptops, clavier-séquenceur, table de mixage) sur des bancs mis sur le devant de la « scène » de la Guinguette Pirate. Mis en avant par d’importants acteurs de la scène musicale (sélection CQFD Inrocks en 2005, présence sur une compilation Indétendances-Fnac cet été), la formation centrée autour de Pierre Lefeuvre distilla une electronica mélodique ultra-classique : petites rythmiques, ambiances rêveuses ou aériennes, légers vents électroniques, mélodies dodelinantes, projections à l’avenant (champs de blé, enfants jouant, déambulations urbaines solitaires). Rien de nouveau donc (on salua toutefois les bribes de voix ou de scratches lancés par l’un des musiciens via sa platine CD tournante) mais une musique toujours agréable à écouter.
Enfin, ce fut au tour des brestois de Silence Radio de prendre place. Adepte d’un post-rock musclé, le quatuor (deux guitares, basse, batterie) nous lassa rapidement et nous préférâmes alors quitter la jonque afin de rester sur la bonne impression des deux sets précédents.
le 15/08/2006