Festival Présences Électronique 20 ans : Autoreverse / Lucy Railton / Deathprod / Eiko Ishibashi

 date du concert

01/11/2024

 salle

Maison de la Radio,
Paris

 tags

Arnaud Rivière / Deathprod / Eiko Ishibashi / Festival Présences Électronique 20 ans / INA / GRM / Maison de la Radio

 liens

INA / GRM
Arnaud Rivière
Deathprod

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Afin de fêter dignement ses 20 ans, Présences Électronique a vu les choses en grand : organisation de sept plateaux sur trois jours, avec la venue d’artistes et formations renommés, dont la très grande majorité avait déjà eu l’occasion de jouer précédemment pour le festival, impression d’un programme de salle classieux (32 pages, dos carré, quadrichromie) et mobilisation du studio 104 et de l’auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique. Pour notre part, et après avoir manqué l’édition printanière et régulière de Présences Électronique (face aux programmations respectives, nous avions préféré nous rendre au festival Variations de Nantes), c’était l’occasion de faire le plein de concerts, dans un temps ramassé, et de retrouver plusieurs musiciens largement appréciés de ces pages.

Après avoir fait l’impasse (la seule de ce grand week-end) sur le premier plateau, plutôt dévolu aux « historiques » du GRM (Christian Zanési, Beatriz Ferreyra, Daniel Teruggi et François Bayle), on s’assit dans le studio 104 pour enchaîner quatre propositions assez variées, et plutôt représentatives de l’ouverture progressive de Présences Électronique. Jugeons-en avec la prestation d’Autoreverse, duo guitare-dispositif électroacoustique : manipulant un disque en fer, livrant triturations et saturations, Arnaud Rivière, répondait, ainsi, aux interventions à la six-cordes électrique de Nina Garcia, appuyant aussi sur ses pédales et effets.

Avec son jeu aux notes étouffées souvent, dans les aigus majoritairement, en réponse aux éclats de son comparse, la jeune femme accorda son travail au sien, pour un résultat tendu et électrique. Très engagés physiquement tous les deux (manche de guitare traîné au sol, table secouée), les deux membres d’Autoreverse n’hésitèrent pas à produire des sons malaisants et autres larsens. Le meilleur passage de leur set fut quand Nina Garcia se plaça près de son ampli, pour jouer avec l’onde et la boucle sonore ainsi provoquée, ondoyant elle-même au contact de telles vibrations. En cohérence avec ce set, la fin fut abrupte, avec une extinction subite de toutes les lumières, en même temps que le son s’arrêta.

Lucy Railton

Croisée sur plusieurs disques (sur ECM ou 130701) mais non encore vue en concert, Lucy Railton était, typiquement, l’une des musiciennes qui avait conforté notre attirance pour la programmation de cet anniversaire. Assise, avec son violoncelle au centre de la scène, l’Anglaise débuta la pièce Les Portails en agitant un archet aux crins un peu lâches et décrochés, afin de faire siffler l’air, de travailler l’espace, de sculpter le vide. Assez logiquement, on y vit un parallèle avec le rendu de l’acousmonium, cet assemblement d’enceintes diverses disposées un peu partout sur scène et dans la salle. La Britannique offrit ensuite de longs déliés sur son instrument, relayés par des samples préenregistrés, nous faisant regretter qu’elle ne se cantonnât pas à la superposition de ce qu’elle faisait sur scène. Des passages plus direct vinrent après, sans arrière-plan, puis quelques moments plus chargés, comptant même certaines dissonances, constitutifs d’une vingtaine de minutes tout à fait intéressante.

Visiteur régulier de Présences Électronique (sous ce nom de Deathprod, mais aussi au sein de Supersilent ou Minibus Pimps), Helge Sten était tout désigné pour participer à ces 20 ans. Posté derrière son laptop, au milieu de la scène, il ne brilla toutefois guère. Sa masse sombre, posée directement, sans montée en puissance, nous parut ainsi très paresseuse, surtout dans sa première moitié. Plus pertinente ensuite, avec davantage de couches identifiables, tout en conservant densité et noirceur, cette prestation de Deathprod constitua néanmoins la première déception du week-end.

Pour terminer ce plateau du début de soirée, Eiko Ishibashi était de retour sur les scènes du GRM, moins de deux ans après une prestation mitigée, donnée au 104. Dans l’intervalle, elle a gagné une reconnaissance plus large, par le biais de ses bandes-originales des films de Ryusuke Hamaguchi (Drive et Le Mal n’existe pas). Placée à la console, ce qui lui permit de soigner la spatialisation de son concert, la Japonaise conjugua captations urbaines (foule, bruits en provenance de magasins), extraits d’émissions de radio, apports électroniques assez clairs et tapis de cordes plutôt soyeux. Des ruptures régulières de ce beau continuum furent réalisées, avec diffusion de samples parlés sur une seule enceinte, dans un des coins du studio 104, renforçant la bonne impression d’immersion.

François Bousquet
le 05/11/2024

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