Festival Présences Électronique 20 ans : ErikM / Phonophani / crys cole & Oren Ambarchi / John Chantler / Félicia Atkinson & Chris Watson

 date du concert

03/11/2024

 salle

Maison de la Radio,
Paris

 tags

Chris Watson / Crys Cole / eRikm / Félicia Atkinson / Festival Présences Électronique 20 ans / INA / GRM / Je Suis Le Petit Chevalier / John Chantler / Maison de la Radio / Oren Ambarchi / Phonophani

 liens

eRikm
Oren Ambarchi
Phonophani
Chris Watson
INA / GRM
Félicia Atkinson
Crys Cole
Je Suis Le Petit Chevalier
John Chantler

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Pour clore ces 20 ans de Présences Électronique, le GRM avait programmé le plateau le plus riche (cinq prestations, entrecoupées d’un entracte), intelligemment positionné à 18h30 le dimanche, afin de permettre aux nombreux non-Franciliens (on fut, ainsi, surpris par la quantité de non-francophones dans le public) d’attraper encore un train pour rentrer chez eux. Souhaitant saluer les artistes français œuvrant dans ce registre électroacoustique qu’ils défendent majoritairement, les organisateurs avaient convié ErikM en ouverture de plateau, pour y donner Bidule 2.0, nouvelle création à base de collages sonores et d’expérimentations issues de la bibliothèque sonore de Pierre Henry. Poussées et appuis très nets furent alors livrés par le Français, mais aussi quelques passages aux matériaux moins abrasifs, avant un final retournant vers les contrées du début.

Phonophani

À l’instar d’autres musiciens présents pour ce grand week-end, Phonophani vint à Paris pour effectuer une sorte de regard arrière sur son parcours. Alors qu’on pensait qu’il avait laissé ce pseudonyme de côté (aucun disque depuis 2017), le Norvégien débuta Until the Fish Eyes Shine par une mise en place un peu longue, avec quelques éléments disparates, liés entre eux par des jointures colorées. Progressivement, ses composantes se dotèrent de tessitures opalescentes, l’air se chargea de granulosité et des notes rapprochées en semi-cascade composèrent l’arrière-plan. Espen Sommer Eide étira ce schéma pendant plusieurs minutes, très savoureuses, avant de laisser place à quelques notes plus chromatiques, sans agrégat en soutien, pour clore sa vingtaine de minutes.

crys cole & Oren Ambarchi

Un peu à l’image de Matmos la veille, un couple fut invité à se positionner chacun derrière une grande table ensuite : crys cole côté jardin et Oren Ambarchi côté cour. Tandis que la Canadienne agissait sur une large plaque dotée de capteurs, sur laquelle elle faisait glisser et passait divers objets (stylet, pierre) ou sa main même, afin de générer des frottements aux sonorités minérales, l’Australien posait des petites composantes électroniques, provenant de ses machines, voire de sa guitare électrique. Quand sa compagne se leva pour jouer de la flûte à bec (utilisée plutôt comme vecteur du souffle que comme génératrice de mélodies) ou faire tournoyer un boa en plastique (moyen de faire siffler l’air), la six-cordes traitée d’Ambarchi se fit plus audible, dans un geste électroacoustique plein, et pour une prestation extrêmement pertinente.

L’entracte passé, John Chantler s’assit derrière son laptop et ses machines, pour donner The Practical Matter of Forging a Living Centre, pièce ambient à fort volume. Mâtinée de sons stridents et perçants, enrobés de saturation et sous lesquels émane une certaine luminosité, sa création se montra toutefois trop linéaire et prévisible dans sa progression, avec sa montée en puissance, prélude à une redescente finale.

Félicia Atkinson & Chris Watson

Chargés de clôturer le plateau, la journée et le festival, Félicia Atkinson et Chris Watson donnèrent le concert le plus long des trois jours, mais aussi un des moins enthousiasmants. Annoncée comme inspiré de voyages et poètes japonais, Choses lointaines et proches à la fois mit aux prises le piano et les textes de la Française, d’une part, et les sons distillés par le Britannique, d’autre part. Fidèle à son travail de captation, ce dernier proposait gouttelettes, bruissements, field recordings, frémissements ou bruits de marées, pendant que des notes sporadiques de piano, joué dans les mediums, avec un toucher très léger, s’adaptaient aux textes poétiques dits dans un souffle, d’une voix détimbrée. Musicalement, l’ensemble pouvait présenter un certain intérêt, mais fut trop répétitif et, surtout, servi par des textes, façon haïkus, à l’onirisme métaphorique trop appuyé et intervenant de manière trop tautologique : « Montagne sous la pluie » (pendant que des gouttelettes étaient entendues), « Je lève un peu les pieds/pour me pencher », « Je descends/Je reviens/À l’océan », etc… Nous revint alors le souvenir que, d’un concert à l’autre, Félicia Atkinson bénéficia, sur nos pages, de réceptions très contrastées, entre véritable adhésion et forte circonspection ; assurément, le concert de ce dimanche pouvait émarger à la seconde catégorie. S’il était dommage de conclure ainsi ces trois (intenses) journées, on concentrera rapidement nos mémoires sur les prestations de Lucy Railton, Eiko Ishibashi, Michèle Bokanowski, Giuseppe Ielasi, Matmos et crys cole et Oren Ambarchi, pleines réussites, pour le coup.

François Bousquet
le 13/11/2024

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