du 01/06/2024 au 24/02/2025
Centre Pompidou-Metz,
Metz
Disposer d’espaces suffisamment grands permet au Centre Pompidou-Metz de proposer simultanément une monographie, un panorama d’un medium, une sélection thématisée des collections du Musée national d’Art moderne, tout en laissant encore de la place pour qu’une très large installation se déploie au rez-de-chaussée. Disposée dans la Nef du lieu lorrain, Déplacer les Étoiles est à la fois le nom de l’exposition et de la principale installation de Katharina Grosse (initialement, une autre œuvre - The Bed - était positionnée dans le Forum, mais elle avait déjà été retirée lors de notre visite), manière d’indiquer la place prise par cette peinture sur drap.
Accrochée au plafond, à des hauteurs différentes (qui tiennent compte de la spécificité architecturale de la nef du bâtiment, avec sa double hauteur à certains endroits), la toile pend jusqu’au sol et se trouve recouverte de peinture. Réalisé avant accrochage ou bien à la bombe une fois le drap suspendu, ce geste pictural entraîne un mélange de couleurs aussi entremêlé (replis et ouvertures fortuites se multiplient) que libre dans son expression. Dépassant largement le cadre de son support (les traces de bombe au sol le confirment), cette intervention dialogue avec le parvis par-delà la large baie vitrée, l’œuvre semblant se propager au dehors, sur une esplanade elle aussi couverte de peinture. Elle dialogue aussi avec l’histoire du Centre Pompidou-Metz puisque la nef abrita, précédemment, Parade, ce rideau de scène réalisé par Pablo Picasso, dont Déplacer les Étoiles peut être vu comme un cousin gigantesque.
En outre, l’ensemble des perspectives habituelles des expositions d’art se voient inversées chez l’Allemande : plutôt qu’une tenture sous laquelle on passe, le tissu tombe du plafond et recouvre le sol (détail amusant, au reste : la surface de tissu, avec ses 8 250 m², correspond, à quelques dizaines de mètres carrés, à celle du toit du Centre Pompidou-Metz, dont la forme blanche connaît aussi de simili-drapés) ; plutôt qu’une création intouchable et intangible, Déplacer les Étoiles peut être piétinée et subit des modifications dues aux mouvements du public qui passe dessus ; plutôt que des conceptions structurées des couleurs, l’œuvre révèle un geste très instinctif.
Déjà exposée à Sydney, cette création a été pleinement repensée pour être intégrée à la nef du Centre, interagissant donc avec le bâtiment, comme avec son environnement immédiat. En témoigne aussi l’autre œuvre exposée, composition mêlant arbres déracinés de la forêt noire des Vosges et lés blancs semblant les enserrer… ou entamer leur évolution vers leur horizon artistique.
le 20/12/2024