16/11/2024
Philharmonie de Paris,
Paris
En ouverture d’un « week-end minimalismes » qui vit aussi Vanessa Wagner se produire, ainsi qu’un duo proposant une sélection d’œuvres de Philip Glass, la Philharmonie de Paris avait convié Max Richter, à l’occasion de la publication d’In A Landscape, son nouvel album. Dans la grande salle, ce fut même un double double concert que l’Allemand donna, puisque deux séances (15h et 20h) étaient programmées ce samedi, toutes deux complètes, et que chacune vit l’ensemble interpréter à la fois ce nouveau disque mais également The Blue Notebooks, afin de célébrer les vingt ans de cet album, amplement salué en son temps sur ces pages.
Devenu possiblement, depuis cet enregistrement, le musicien néo-classique le plus connu (la foule et sa ferveur en témoignèrent), Max Richter se montre aussi familier du public grâce à ses différentes bandes-son et bandes-originales de films ou séries (concédons une faiblesse pour celle de The Leftovers). Pour cette soirée parisienne, il se produisit dans son format traditionnel piano-quintet à cordes, avec, tout d’abord, la présentation d’In A Landscape, quatre-vingt minutes enchaînées sans forcément de recherche mélodique, ni d’émotion, mais plutôt une conjonction pour cordes (deux violons, un alto et deux violoncelles) qui travaille sur la durée. Tantôt plaintives (quand les violons prenaient le dessus), plus souvent contemplatives, mais rarement élégiaques, les partitions purent aussi accueillir un peu d’électronique, lancée par Richter lui-même, depuis son MiniMoog, avec souffles, battements discrets ou field recordings.
En support de ces compositions, le travail visuel se montrait assez fin : un filet de lumière courait en périphérie de l’estrade noire sur laquelle se trouvaient les six musiciens, et un autre se tenait verticalement au-dessus d’eux. D’un blanc clinique au début, il se teinta de rosé ou de blanc plus chaud, varia en intensité, ou alla chercher des tons orangés, en suivant un peu les inflexions musicales, dans une certaine harmonie plutôt opérante.
L’entracte passé, Max Richter convia sur scène Golshifteh Farahani, invitée à lire les textes de Franz Kafka de The Blue Notebooks (comme Tilda Swinton le faisait sur disque). Si ces courts poèmes furent majoritairement soutenus par le piano solo (ou par de simples tapis sonores), le quintet de cordes se faisait davantage présent pour les instrumentaux intermédiaires qui, pour le coup, manifestèrent un travail mélodique plus poussé, ou une suscitation de l’émotion : On The Nature Of Daylight, avec le violon de Max Baillie, et, plus encore, On The Nature Of Daylight (Reprise), morceau conclusif, à l’efficacité certaine avec sa montée en puissance programmatique (piano régulier, cordes passant de grands déliés à des croches et jouant de plus en plus dans les aigus).
Avant cela, Richter put opérer en solo sur les intéressants Horizon Variations ou Vladimir’s Blues, et de l’électronique fut insérée avec des petites pulsations comme échappées d’une machine à écrire, relayées par des clignotements des rais de lumière qui, sur cette seconde partie de soirée, n’étaient naturellement que bleus et blancs. Enfin, saluons Organum, dans lequel l’un des violoncellistes passa à l’orgue, secondant Max Richter, lui-même posté derrière son orgue Hammond, pour un duo au toucher enveloppant.
le 18/11/2024