Benedicte Maurseth : Systerspel

 date du concert

21/11/2024 et 28/11/2024

 salle

Musée d’Orsay,
Paris

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Benedicte Maurseth / Musée d’Orsay

 liens

Benedicte Maurseth
Musée d’Orsay

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À nouvelle exposition d’un artiste norvégien au Musée d’Orsay, nouvelle programmation de concerts et représentations de spectacle vivant. Ainsi, deux ans après une série de soirées autour de la monographie d’Edvard Munch (dont un concert de Mette Henriette dont nous avions pu rendre compte), l’institution parisienne profita de la présentation des peintures d’Harriet Backer pour organiser un festival « Norvégiennes en scène », avec rencontres, projections, lectures de contes, chorégraphies et concerts. En ouverture (et en clôture, car elle se produisit à deux reprises) de ces huit jours, Benedicte Maurseth proposa une heure hybride, entre concert et conférence.

Vêtue d’une robe d’inspiration traditionnelle et postée devant un écran géant, la jeune femme conta l’histoire des femmes violonistes, spécifiquement adeptes (comme elle) du violon Hardanger, cet instrument aux cordes sous-jacentes et à la résonance particulière, typique du folklore norvégien et qui connaît une nouvelle popularité grâce à son utilisation dans un néo-folk prisé notamment par les musiciens du label Hubro. Remontant jusqu’à la fin du XVIIe siècle, Benedicte Maurseth retraça, ainsi, ses différentes recherches (visite de musées, anecdotes, mémoires de ces femmes), images d’archives à l’appui, elles-mêmes entremêlées avec des éclats colorés chamarrés. Entre deux séquences parlées, la Norvégienne livrait des morceaux interprétés sur l’un de ses deux violons Hardanger, titres au registre plutôt adapté à ce qu’elle venait d’exposer : enlevé et accompagné d’un battement au pied quand elle racontait un mariage, plus plaintif quand cela suivait l’histoire d’une joueuse aveugle, joyeux pour évoquer une jeune fille de quinze ans qui participa à un concours, élégiaque quand déroulait la liste de toutes les femmes violonistes retrouvées par Maurseth.

Avec ses quelques accessoires (deux chaises, une estrade, un châle mis autour des épaules ou sur la tête, une broche dorée), la musicienne réussit à occuper la scène de l’Auditorium, face à une petite centaine de personnes, et profita aussi de ce concert-conférence pour tenir un propos ouvertement féministe, s’incluant dans la lignée des femmes citées (l’intitulé du spectacle voulant dire « La musique de nos sœurs »). Raconter la trajectoire de ses violonistes, ce fut aussi l’occasion de narrer des récits d’émancipation, de traiter de la place de la femme dans la société norvégienne, de leurs relations avec les hommes, de leur place socio-économique, etc… Plus encore, elle ouvrit un questionnement plus philosophique sur le déterminisme, qu’on cite à peu près : « quand je joue, est-ce que je joue comme je le souhaite, comme on l’attend de moi ou comme cela a été façonné par les hommes pendant des siècles ? ».

François Bousquet
le 28/11/2024

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