du 18/11/2024 au 24/11/2024
Cinémathèque Française,
Paris
À l’inverse du mouvement constaté depuis plusieurs années, les films sélectionnés en 2024 à Entrevues marquaient par leur longueur : trois sur dix durant moins d’une heure et demie, alors que, lors des exercices précédents, la proportion était inverse. Pour ce festival toujours tourné vers les premières œuvres (ne retenant uniquement que des premier, deuxième et troisième films), on peut y voir une manière de choisir des formes plus amples, au sein d’une compétition mêlant fiction et documentaire, dans un souci de recherche stylistique et d’attachement à une certaine indépendance, voire à une économie de moyens.
L’attribution du Grand Prix Janine Bazin à Softshell témoigna bien de ce constat, avec cette histoire de frère et sœur dans la vingtaine, d’origine thaïlandaise, vivant dans le Queens et devant se débrouiller seuls après la mort de leur mère. Filmée en 16mm, l’image du long-métrage de Jinho Myung (également en charge du son, du montage, des décors et de la co-production, d’où l’économie de moyens) s’avère semblable à ses héros : elle se cherche un peu. Absence de plan fixe, point pas toujours fait, cadre tremblotant, inserts de jeu vidéo ou d’images animées, passage en split-screen : tous les atours de la réalisation indé à petit budget sont convoqués pour un résultat plutôt émouvant et moins superficiel que ce qu’on pourrait redouter.
En suivant ces post-ados touchants, au-delà de la reconstruction et du « comment on fait maintenant ? », se joue aussi le « comment on fait dans ce pays qui nous renvoie, malgré tout, à nos origines ? ». Ce faisant, c’est également cette forme de racisme, un peu maladroit, un peu inconscient mais bien réel, qui est abordée dans un film où, Jamie et Narin paraissent développer une relation aux animaux parfois plus forte que celles aux humains.
En ouverture de soirée, L’Avance, lauréat du Grand Prix André S. Labarthe pour les courts métrages, permit de suivre Aliou, étudiant aux Beaux-Arts qui vend une toile très personnelle (grand portrait de sa mère, décédée, aux côtés de sa sœur et lui, enfants) à une collectionneuse, en court-circuitant sa galeriste. De manière assez limpide, Djiby Kebe représente le marché de l’art qui vient frapper à la porte des artistes à peine sortis de l’école, dans un schéma au manichéisme trop souligné : le peintre, sa famille nombreuse dans un trois-pièces du nord parisien, face à la collectionneuse, dans son loft avec ses amis branchés et ses apéros où il faut se montrer. Toutefois, l’interprétation de Saabo Balde, en partie séduit et pas complètement dupe de ce qui se joue autour de lui, vient offrir une perspective moins évidente à cette première réalisation.
le 04/12/2024