Birds of Delay / Sunburned Hand of the Man

Luke Younger et Steve Warwick (alias Birds of Delay) ont un équipement minimaliste : un clavier en plastique relié à un ampli chacun (pour une fois la scène des instants paraît bien vide). Leur jeu de scène est à l’avenant, ils sont agenouillés dos au public et remuent parfois un peu du popotin. Ils produisent un drone lourd et pesant, qui ne donne pas l’impression d’évoluer tout au long du set.

À l’inverse du groupe précédent, Sunburned Hand of the Man ressemble à une bande d’enfants à qui on n’a jamais appris à ranger sa chambre. Ils déversent sur la scène leur bordel qui comprend, outre leurs instruments, une statue démantibulée, des lattes de bois, des couvertures... Il n’y a pas de début à leur concert, cela commence par une explication du retard, de leurs déboires pour venir depuis Bordeaux, et puis des sons viennent s’ajouter à cette longue litanie de paroles, manière de rendre floue la limite entre l’avant-concert et la représentation. Les premiers morceaux sont tout-à-fait dans l’esprit du new-free-folk : des guitares derrière pour assurer un certain continuum mélodique, auxquelles on ajoute des sons de récup’ pour changer la couleur (jouer d’un djembé pour l’aspect moyen-oriental, hurler sur une tête de statue pour le côté théâtral). Il faut reconnaître que c’est assez prenant, même s’ils donnent l’impression d’afficher leur posture de "brooklyn boy" plus préoccupé par leur longueur de barbe et leur statut d’artiste que par leur musique. Point positif : les guitares se font de plus en plus présentes sur la fin, pour un résultat proche de l’heavy-rock, et cette manière de noircir les choses est particulièrement bienvenue.

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 04/10/2006