L’Éclipse

 auteur

Collectif Bajour

 metteur en scène

Leslie Bernard & Matthias Jacquin

 date

du 04/12/2024 au 20/12/2024

 salle

Théâtre Public de Montreuil,
Montreuil

 appréciation
 tags

Collectif Bajour / Théâtre Public de Montreuil

 liens

Théâtre Public de Montreuil

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« Collectif de collectif » regroupant des personnes d’un âge assez voisin, issues de la même promotion de l’école du Théâtre National de Bretagne, Bajour a trouvé, avec le Théâtre Public de Montreuil, un bon relais pour accueillir ses spectacles en Île-de-France. Après y avoir, ainsi, présenté deux spectacles il y a deux saisons, ce sont deux nouvelles créations qui y sont données, dont l’une d’elles est déjà complète. Pour L’Éclipse, hébergé pendant deux grosses semaines dans la grande salle du théâtre, les rangs sont également très garnis, traduisant bien l’engouement pour ces propositions enlevées. Ici, il s’agit de se replonger dans l’année scolaire 1998-1999, dans une classe de 3e d’un petit village du Jura, aux côtés de sept collégiens, leurs interactions et problématiques.

Outre ces adolescents, les sept intervenants au plateau interprètent également leurs professeurs, dans des scènes alternées (on passe de la salle de classe à la salle des profs), dont les trois premières inquiétèrent vivement. Le prélude dans lequel, en 2019, les sept se retrouvent pour respecter leur promesse du « à dans vingt ans, même jour, même lieu », qui peine à dépasser le « t’as pas changé/qu’est-ce tu deviens ? ». Ensuite, la bascule en 1998 faite, entre imitation gênante des jeunes (on se serait cru dans un sketch des Inconnus) et caricature des enseignants (la prof de sport en survêtement, celui d’histoire-géo qui passe des week-ends à reconstituer des scènes médiévistes avec d’autres férus de cette époque, etc…), on eut quelque difficulté à accepter la double licence ainsi proposée. Et puis, on fut emporté par l’énergie et la plasticité des comédiens, agiles à la danse (les 3e sont en classe aménagée, avec cours de danse à chaque fin de journée) et capables de passer rapidement des élèves à leurs enseignants.

Portés par les interactions de la salle, largement composée, le soir où nous y étions, de scolaires d’un âge proche de celui des personnages, les intervenants eurent le bonheur de sentir que celle-ci réagissait avec perfection aux vannes entre jeunes, à leurs émois amoureux ou à leurs chamailleries. Comme les histoires adolescentes, le déroulement de la pièce s’avère un peu attendu, voire anticipable, mais c’est ce qui constitue aussi son charme, comme le fait de revivre une époque qu’on connut un peu (n’ayant qu’une demi-douzaine d’années de plus que les 3e de 1998-1999). À ce titre, hormis quelques tous petits anachronismes (les vacances dites « de Toussaint » ne duraient pas deux semaines à ce moment-là), toute la direction artistique se montre raccord : films cités (Titanic, bien sûr), tenues des ados (surchemise à carreaux, mèches de cheveux remises d’un mouvement de la tête), chansons entendues (Nothing Else Matters, classique de la décennie, naturellement joué à la guitare acoustique par le beau gosse de service, Baby One More Time, sorte de fil rouge du spectacle).

Vue comme une transition entre deux âges, l’année de 3e se trouve marquée par des relations évolutives entre ces quatre garçons et trois filles, mais aussi par des choses plus graves et des questionnements plus profonds. À mesure que, de manière un rien tautologique, le mur du collège se détruit progressivement, maturation et émancipation se font, pour parvenir à ce jour de l’éclipse d’août 1999, quand jour et nuit se confondirent, dans une autre forme de transition.

Autres dates :
 du 14/11/2025 au 05/12/2025 : Théâtre Paris-Villette, Paris

François Bousquet
le 11/12/2024

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