05/02/2025
Muse en Circuit,
Alfortville
Après plus de deux mois sans concert (une disette dont on n’avait plus l’habitude, résultant à la fois de programmations moins attirantes, et d’impératifs professionnels), c’est avec le festival Sons d’Hiver qu’on reprit le chemin des salles, pour une soirée « laboratoire » donnée à la Muse en Circuit. Deux soirées, en réalité, puisque le même plateau fut offert deux soirs de suite, avec juste une pièce différente jouée par Mariam Rezaei en première partie. Disponible uniquement le premier soir, on se rendit à Alfortville, dans ce lieu dédié à la fois à des résidences et à des propositions avec public, aussi bien dans le champ musical que dramaturgique, pour y assister à des prestations qu’on aurait pu imaginer dans un lieu comme les Instants Chavirés, mais pas forcément dans un festival comme Sons d’Hiver.
De fait, ce fut avec une platiniste qu’ouvrit la soirée, pour une performance intitulée « SADTITZZZ ». Debout derrière une table garnie de deux platines, d’un laptop et d’une mixette, Mariam Rezaei livra une trentaine de minutes impressionnantes, avec travail très rapide sur les deux vinyles et sur ses différents ustensiles : repositionnements réguliers des bras des platines, passage d’avant en arrière avec inversion du sens de rotation, lancement de samples depuis l’ordinateur (dont une batterie très claire), trituration des mécanismes, etc… Il en résultait une alternance de fragments sonores et de passages plus continus avec des bribes mélodiques ou des fréquences aiguës donnant l’impression d’une voix filtrée. Physiquement très engagée, la Britannique tapotait frénétiquement sur les boutons, réglait les potentiomètres et manipulait les variateurs, produisant des bruits parfois plus sonores que la musique émanant des vinyles eux-mêmes, comme si la forme (les conditions d’exécution) comptait autant que le fond (les sons produits).
Régulièrement chroniqué sur nos pages pour des concerts sous différentes formes (solo, duo, groupe), Julien Desprez venait à Sons d’Hiver avec un nouveau quatuor aux ambitions entre free-jazz et approche plus bruitiste. Posté à la batterie, jouée de manière effrénée, Lukas Koenig frappait fûts, caisse claire et cymbale tandis que la guitare électrique de Julien Desprez se trouvait saisie de secousses diverses (dont les traditionnels coups de poing sur la caisse, ou frappes de la main droite). Assise au fond de la scène, Christine Abdelnour dirigeait son saxophone alto vers une démarche très free, avec singulièrement un long solo sur le premier morceau (possiblement le plus convaincant de la petite heure de set), pendant qu’au premier plan, Claire Gapenne apportait de l’électronique saturée. Cette dernière officiait aussi, avec Desprez, au chant, rarement juste et aux accents très perfectibles en anglais, ce qui finit de constituer un ensemble très énergique et débridé.
le 06/02/2025