Nanni Moretti
Mathieu Bauer
du 07/02/2025 au 14/02/2025
MC93,
Bobigny
Sans avoir revu le film de Nanni Moretti, dont on avait un souvenir un peu lointain, on se rendit à la MC93 pour en voir l’adaptation sur scène par Mathieu Bauer, habitué des liens entre théâtre et cinéma, et entre théâtre et musique. Sur le plateau, ces deux dialogues prennent effectivement forme, dans un geste parfois un peu trop décousu et divagateur qui, semble-t-il, s’autorise quelques libertés avec le long-métrage italien. Pour autant, les deux fils rouges principaux de Palombella Rossa, le film, sont conservés avec cette partie de water-polo, vue comme une métaphore (certainement exagérément appuyée) de la vie, et une interview télévisé où le héros est pris à parti sur l’avenir du PC italien et de la gauche en général.
Tourné en 1988 et sorti en 1989, le long-métrage de Moretti se situait à un moment où Berlusconi et la droite extrême commençaient à poindre, tandis que la gauche peinait à exister, au sortir des années de plomb vécues par l’Italie. Sommé de se justifier sur son engagement politique, le réalisateur-acteur (au rôle ici repris par Nicolas Bouchaud, tout en hésitations calculées, un peu comme son modèle) digresse et enchaîne les réflexions, entrecoupées, dans la mise en scène de Mathieu Bauer, de chansons (morceaux de variété transalpine ou I’m on Fire de Bruce Springsteen), instrumentaux (batterie et guitare électrique étant sur scène, dans des petites trappes côté cour) ou extraits de Docteur Jivago. Régulièrement interrompu, le match de water-polo, auquel Michele participe apparemment contre son gré, peine à aller à son terme, d’autant plus que certains passages (le pénalty final, par exemple) sont donnés comme au ralenti.
Afin de faire image sans le film, et de figurer un bassin de natation, la scénographie de Chantal de la Coste se montre particulièrement inventive : gradins, rectangle aquatique, buts, buvette, tout le décorum est habilement recréé sur scène, avec des artifices gentiment rudimentaires mais qui parviennent à leur fin. De même, la récurrence de propos, anaphores façon commentaires sportifs ou lecture de scénario, qui ouvrent chaque séquence du match emportent par leur efficacité et la rapidité de leur récitation : « C’est dehors de jour, c’est dans la piscine », « C’est dehors de nuit, c’est Michele enfin décidé à jouer »… Pour autant, l’ensemble demeure peu évident à saisir et nous aurions possiblement mieux fait de revisionner le film avant.
Autres dates :
– 25/02/2025 et 26/02/2025 : Lieu Unique - Nantes
– 10/03/2025 et 11/03/2025 : Grand Théâtre - Albi
– 13/03/2025 : Empreinte - Brive
– du 03/06/2025 au 14/06/2025 : Théâtre Silvia Monfort - Paris
le 10/02/2025