Death-Static

Comme plusieurs musiciens de la scène de Leeds, Gareth S Brown a fait partie de Hood et exerce (ou a exercé) aux côtés de nombreuses formations gravitant autour de ce groupe : Memory Drawings, The Declining Winter, etc… Quelques disques solo sont aussi venus ponctuer son parcours, et nous avions eu l’occasion de le voir en concert (en première partie de The Declining Winter, justement) au Pop In en 2009, avant d’arriver à ce nouveau projet, Death-Static qui, précisément, nous replonge dans le souvenir de ce live. Avec ses cinquante minutes données en six longs instrumentaux, par un clavier au rendu entre l’harmonium et l’orgue, Time Is Ignorance se situe dans la droite ligne de ce que l’Anglais avait proposé dans la cave du bar du XIe arrondissement.

L’ambient ainsi proposée travaille volontiers sur l’étirement du temps, avec une superposition assez minimale de couches sonores, dans un registre délibérément contemplatif qui manque, regret assez récurrent en la matière, un peu de renouvellement sur la première moitié du disque. Dans un tel contexte, l’auditeur est alors enclin à repérer telle variation ou, plus sûrement, tel sentiment d’oscillation, né de la vibration des strates l’une sur l’autre et de l’impression de souffle qui émane des accords. Quelques notes perlées peuvent également apporter un semblant de mélodie, reléguée en fin de morceau comme si c’était à peine assumé par Gareth S Brown (Delay).

En milieu d’album, des notes éparses de piano, des effets et bribes vocales viennent néanmoins montrer qu’un autre horizon est possible, marqué par une forme d’émotion presque plus forte que sur les empilements précédents (Return). Cette inflexion prise, le Britannique la maintient, avec un Latent Body jouant sur des pédales d’effet pour triturer et distendre les sons, avant de terminer avec un Ready beaucoup plus évident et attendu, à la fois dans ses développements sur onze minutes et dans sa manière de sonner très « dernier morceau d’album » (trois notes isolées répétées sur des tapis d’accords, comme un « au revoir » qui s’allonge pendant que l’autre s’efface dans le lointain).

François Bousquet
le 14/03/2025