16/03/2025
Instants Chavirés,
Montreuil
Habitués de ces pages, et de manifestations comme Présences Électronique (ils s’y sont ainsi produits la même année, en 2016), Rashad Becker et Valerio Tricoli étaient conviés ensemble aux Instants Chavirés. Programmé un dimanche en fin d’après-midi, ce plateau affichait complet, situation très satisfaisante eu égard à la relative discrétion dans laquelle semblent évoluer ces scènes électroacoustique et expérimentale, et qui déboucha sur deux propositions qui se retrouvèrent en fin de session.
À 18h30 précises, et pour une pile une demi-heure, Valerio Tricoli prit place pour un set assez voisin de celui de Présences Électronique, avec son magnétophone Revox, deux bandes magnétiques reliées à sa machine et tenant à un mètre du sol grâce à des pieds de micro, et une électroacoustique très maîtrisée. Furent ainsi mélangés des bruits semblables à des déclencheurs de magnétophone, des mots dits au micro ou préenregistrés, des petites explosions et des crépitations. Le résultat, qui se signala par un très bon dosage d’ensemble, était fréquemment rejoint par des sortes de scratchs, issus de tensions et relâchements réalisés sur l’une des bandes magnétiques.
Quelques bribes mélodiques ou des nappes plus chromatiques, apparues dans le tableau, se trouvèrent recouvertes dans les dernières minutes par les autres matériaux, pour une montée en puissance sonore interrompue soudainement, ce qui aurait pu constituer un beau final. Mais l’Italien voulut rajouter deux minutes un peu plus calmes mais, finalement, superflues, au regard de la construction de ses trente minutes.
Dans notre souvenir, le concert de Rashad Becker en 2016 n’avait pas forcément été très convaincant, trop répétitif nonobstant ses vingt minutes de prestation. Aux Instants Chavirés, la durée fut presque triple et le sentiment un peu meilleur. Avec des textures à l’épaisseur sonore avérée, riches de composantes, dont quelques rythmiques ou semblants de suites de notes, les compositions de l’Allemand s’enchaînaient avec un certain liant, les passages d’un morceau à l’autre étant simplement marqués par des fondus en sortie et en entrée. Toutefois, ce set nous parut un peu long, surtout avec une telle homogénéité générale.
Après quelques applaudissements, Valerio Tricoli rejoignit le Berlinois sur scène, pour un quart d’heure en duo, où chacun apporta ses qualités individuelles, soit, en synthèse : densité de Becker et matérialité de Tricoli. Ceci constitua une bonne conclusion, dans laquelle, un peu comme pour la proposition de l’Italien, la montée en puissance progressive permit d’emplir l’espace sonore, et de convoquer une forme de physicalité de la musique produite.
le 18/03/2025