29/03/2025
Trabendo,
Paris
Ressorti à moitié convaincu (et, donc, à moitié déçu) par le concert de bdrmm l’an dernier à Petit Bain, on prit pourtant le parti de retourner voir sur scène le quatuor anglais, pariant à la fois sur le fait qu’une stabilité dans sa composition aller plutôt le conduire à persévérer dans la lignée de son disque de 2023, et sur les qualités de Microtonic, troisième album récemment sorti. En ouverture de soirée, dans un Trabendo pas loin d’être plein, les Britanniques avaient convié, comme sur la moitié de leur large tournée anglo-européenne, le collectif HONESTY.
Formé par un trio guitare, clavier et batterie électronique, le groupe de Leeds enchaîna une grosse demi-heure entre dubstep et électro sombre, avec des basses très prononcées. Le rappeur Kosi Tides vint les rejoindre sur NORTH et SORTA FINE, pour poser un flow très bien adapté aux instrumentaux du trio, qui officiait derrière un voile installé en front de scène, et destiné à accueillir des projections assez classiques (vues urbaines, paysages défilant depuis un train) combinées aux titres et paroles des morceaux en surimpression, mis en place par des mains, tels des transparents sur un rétroprojecteur. Voici typiquement le style de musique vers lequel on ne se tourne pas spontanément mais qui, sur scène, en première partie de bdrmm, trouvait une juste place, très cohérente.
Pour accompagner leur entrée en scène, les quatre membres de bdrmm diffusèrent le Angel de Massive Attack, dont le mélange entre trip-hop un peu poisseux et chant d’Horace Andy donna une idée de la coloration voulue par les Anglais. Passé l’instrumental Microtonic, Clarkycat fut interprété, dans un format plutôt dépouillé, avec une frappe régulière à la batterie de Conor Murray et le chant de Ryan Smith, situé côté jardin avec sa guitare. Piochée dans le premier album du groupe, Push/Pull incarna le versant shoegaze du groupe, qui n’a pas oublié ce passé et cette tonalité qu’on retrouvera, plus loin, sur Infinity Peaking, avec ses six-cordes caractéristiques. Vint ensuite John on the Ceiling, un des meilleurs morceaux de leur nouveau long-format, joué plus rapidement que sur disque, avec une rythmique plus soutenue, dans un croisement fort réussi entre indie-rock et électro qui, malheureusement, fut terminée trop vite (difficulté d’un titre de trois minutes trente donné prestement).
Globalement, par rapport au souvenir du concert de Petit Bain, cette prestation nous parut beaucoup plus équilibrée dans sa répartition entre les différentes faces du groupe, qui alterna très bien propositions rock et shoegaze, et pistes marquées par davantage d’électronique. Dans ces dernières, bdrmm pouvait saccader et syncoper les paroles (Lake Disappointment) ou bien combiner travail mélodique et son électronique (l’excellente Standard Tuning). Pour les morceaux plus rock, une tentation post-rock, voire stoner, pouvait affleurer (If…, aux accords de guitares, aussi bien celles de Smith que de Joe Vickers, capiteux et martelés), permettant à une bonne partie du public de hocher la tête en cadence.
Alors qu’on regretta un temps certain mis par le groupe à se réaccorder entre deux chansons, quand l’assistance n’attendait que d’être emportée par un enchaînement d’un morceau à l’autre, on retrouva, comme l’an passé, la capacité de Jordan Smith, à la basse toujours portée très haut, de livrer une ligne mélodique structurante au médiator (Be Careful), comme d’intervenir régulièrement sur les refrains, pour seconder et renforcer la présence vocale de Ryan Smith. Afin de terminer le set principal, Snares commença pourtant sans les instruments de l’un et de l’autre, juste avec des coups sourds de batterie, avant d’accueillir une rythmique plus claire, puis le retour des guitares et basse. Préférant ne pas retenir le rappel qui suivit (Happy, (Un)happy et Port, soit trois morceaux des débuts du groupe, trop franchement mono-orientés), on quitta le Trabendo bien content d’avoir laissé une nouvelle chance à bdrmm.
le 02/04/2025