Pauline Haudepin
Pauline Haudepin
du 01/04/2025 au 10/04/2025
Théâtre de la Cité Internationale,
Paris
Nouvelle variation sur les relations entre puissant et dominé, roi et bouffon, Painkiller se tient intégralement dans la salle de bains de Patrick Roger-Racine, homme d’affaires et ancien propriétaire de club de football, qui y séquestre Painkiller, humoriste. Malgré cette situation de kidnapping, une transaction se met rapidement en place entre les deux hommes : faire rire le businessman contre des médicaments et tranquillisants. Sur ce postulat assez traditionnel, Pauline Haudepin ne livre, malheureusement, que des développements trop attendus, telle cette figure du clown triste ou l’inversion progressive des rôles.
Pour servir ce récit, et ainsi qu’on avait déjà pu le relever dans Chère Chambre, vue il y a trois ans dans ce même Théâtre de la Cité Internationale, l’écriture se fait à la fois trop symboliste (avec ses accents lyrico-poétiques, type « Mon cœur est une petite savonnette qui mousse sur tous les corps ») et trop relâchée. Quelques facilités sont également à déplorer, comme ces voix off récurrentes dites par l’un ou l’autre des personnages (« c’est l’histoire d’un homme qui… »), manières d’entendre leurs voix intérieures, mais qui reviennent trop souvent et qui surlignent trop l’action. Plus généralement, le spectacle met démesurément ses intentions en avant, aussi bien dans son dispositif bifrontal, avec ses néons clignotants aux couleurs changeantes, que dans les tenues de Roger-Racine et Painkiller (costume sombre d’un côté, tenue violette criarde de l’autre), ou ses atours de fable ou conte.
En parallèle, alors que le préambule nous indique que Painkiller est un standupper transgressif, auteur d’un spectacle qui dérange, pas une seule parole subversive ou corrosive n’émane de sa part, même à l’égard de Roger-Racine qu’il est censé avoir égratigné par le passé. Deus ex machina, Pauline Haudepin apparaît à la fin de la pièce, sirène qui émane des égouts (avec accoutrement idoine : t-shirt roses à licornes, cuissardes et maquillage pailleté) pour apporter une dimension « méta » revendiquée, raconter comment elle manipule les personnages et conduit l’histoire. Cette forme d’autojustification, présumée désamorcer les critiques, se montre, à nouveau, trop surlignée, à l’instar du propos général sur la volonté de puissance et d’achat, par les dominants, de l’humour et de la légèreté qu’ils n’ont pas. Sauvons, malgré tout, cette danse finale, corps à corps, entre les deux hommes tandis que résonne You’ll never walk alone, repris par le kop du Liverpool Football Club, seul oasis d’un spectacle qui confirme notre premier ressenti du travail de Pauline Haudepin.
le 08/04/2025