05/04/2025
Lieu Unique,
Nantes
Neuvième édition, neuf jours, neuf lieux : si l’équation paraît assez simple pour le millésime 2025 de Variations, nous devons reconnaître moins nous retrouver dans la programmation du festival nantais pour cette année. Avec un regard assumé vers le R&B et le hip-hop (Erika de Casier, Soa420, LustSickPuppy) ou l’électronique de club (Kode9, Pauline Gompertz, Nkisi, Lolsnake, aya), et sa tête d’affiche trop médiatisée (Oklou), le plateau réuni par la manifestation printanière nous apparut moins pertinent que par le passé, voulant possiblement embrasser trop de registres. Heureusement, des propositions plus aventureuses et expérimentales étaient regroupées sur le second week-end du festival, pour lequel nous fîmes le déplacement, pour deux après-midis bien chargés.
Celle du samedi débuta, juste après le repas, avec une (première) curiosité : deux longs morceaux interprétés par une classe de percussion du Conservatoire de Nantes. Debout derrière leurs marimbas et vibraphones, les élèves jouèrent une pièce de Marc Mellits (Gravity), avant de se positionner autrement (avec davantage d’intervenants) pour une œuvre de Steve Reich. Dans les deux cas, et tout au long de la quarantaine de minutes du concert, il s’agissait de travailler sur l’itération et la répétition, mais aussi sur les… variations et l’intensité du jeu, souvent à quatre mailloches, sur ces grands instruments. Certains élèves s’occupaient des basses et du tapis sonore, tandis que d’autres opéraient dans des notes plus aigües, tous agissant par boucles et récurrences. Au-delà de la qualité musicale, l’ensemble dégagea une vraie fraîcheur : les jeunes gens se cherchant du regard, battant la mesure avec leurs corps, dans leurs chemises noires sur pantalon foncé.
Pour rester dans cet univers des percussions, Irene Bianco prit place sur la petite estrade du salon de musique. En lien avec Valentina Magaletti, artiste invitée au Lieu Unique depuis deux saisons, l’Italienne vivant à Copenhague disposa un certain nombre d’instruments autour d’elle et commença en faisant vibrer une très grande timbale basse, sur laquelle elle posa un tambour de bask, puis des grelots, puis un tambourin, pour un travail de vibration peaux contre peaux. Captées par plusieurs micros, ces oscillations créèrent un continuum sonore que la musicienne compléta par des frappes sur les deux toms placés en fond de scène, ou bien un jeu sur le vibraphone positionné à sa gauche. Samplés en direct, tous ces instruments donnèrent un résultat bien moins expérimental qu’imaginé à la vue de tout son matériel.
Plus tard, elle put même se vêtir de poignets en mousse, reliés à son sampler, permettant de déclencher des interventions plus mélodiques par de grands mouvements secs des bras, confortant l’aspect très physiquement engagé de son set. La timbale pouvait également, tout au long de la petite heure de concert, être jouée aux mailloches, aux doigts directement, grattée ou recevoir une chaine métallique, tandis que les toms se trouvaient frappés par des baguettes et le vibraphone joué à l’archet. Des clochettes tintinnabulèrent pour un intermède avec le métallophone, avant que des cymbalettes, un triangle, un maracas en forme d’œuf ou une boîte à musique furent aussi utilisés par Irene Bianco. En face de toutes ces percussions, l’Italienne manipulait sampler, laptop et clavier pour concocter quelques traitements grésillants très bien adaptés au reste de son travail.
le 09/04/2025