(Umor Rex / Import)
04/04/2025
Rock
Trois longs morceaux sur un beau vinyle bleu, donnés par un musicien inconnu jusqu’alors, sur Umor Rex, label globalement recommandable : voici qui avait de quoi nous attirer sur le papier pour cette première rencontre avec Nicolás Melmann. Venu de Buenos Aires pour vivre à Barcelone, l’Argentin a pu y développer rencontres et recherches musicales, comme s’inspirer plus directement de l’Europe, telles ces accointances avec Erik Satie qu’il annonce vouloir ici suivre, pour cet album enregistré au Château Éphémère, un lieu de résidence dans les Yvelines.
Si le travail sur la contemplation et l’introspection peut, effectivement, être connecté au compositeur français, le propos de Nicolás Melmann se montre beaucoup plus riche, empilant les couches sonores, issues de l’électronique ou bien d’instruments à vent. La palette convoquée, parmi ces derniers, semble extrêmement large, puisqu’il nous semble entendre aussi bien des petits ustensiles (type flûte ou shō) que des instruments plus massifs et puissants (comme un orgue d’église). Comme souvent en pareille circonstance, c’est dans le jeu de frottement entre ces différents adjuvants et d’oscillation des nappes que réside le plus grand intérêt des compositions, aux notes tenues et travaillées dans la durée.
Alors que le premier morceau fait état de variations un peu plus perceptibles, et d’une forme de regard sur les harmoniques et la luminosité des sonorités, les deux suivants (longs de onze et dix-huit minutes) conservent, en apparence, une homogénéité plus grande. La durée de ces deux titres interroge alors, comme souvent, tant on se rend compte qu’ils pourraient durer cinq minutes de plus, ou cinq minutes de moins, sans que cela n’ait beaucoup d’incidence sur les intentions du musicien. Voici typiquement ce qui, en concert, permet de s’immerger au contact de la matière sonore incarnée et qui, sur disque, paraît manquer un peu de ce relief. Toutefois, les perturbations qui viennent parcourir les nappes dans le dernier tiers du troisième morceau, ainsi que la capacité de Nicolás Melmann à réduire progressivement son volume, nous font revoir cette appréciation et démontrent que, même dans cet exercice, l’Argentin mérite une écoute attentive.
le 30/04/2025