thisquietarmy

En Europe pour une vingtaine de jours et une douzaine de dates, à l’occasion des vingt ans de son projet thisquietarmy, Éric Quach y alternait concerts en solo, en trio (avec Tom Malmendier et Bruna Wanderley) et en duo (avec cette dernière, violoncelliste sous le nom de Mothrspace). Pour l’Île-de-France, c’est à la Chapelle de Châtillon que les deux musiciens s’arrêtèrent, ancien lieu sacré transformé en loft et qui accueille de temps à autre des concerts. Dans ce très bel espace, situé sur les hauteurs de Châtillon, avec ses baies vitrées donnant sur jardin, sa voûte empierrée et son atmosphère chaleureuse, le duo se trouva face à une vingtaine de personnes, très attentive pour l’heure de concert donnée pendant que le soleil se couchait.

Branchée sur un ampli de basse, en raison de quelques soucis techniques, la guitare de thisquietarmy installa un drone assez tellurique généré grâce aux nombreuses pédales à disposition du Canadien, tandis que le violoncelle électrique de Bruna Wanderley se trouvait chargé d’effets pour une grosse densité d’ensemble. Après un quart d’heure dans ce registre, la six-cordes passa à des notes détachées, serties de réverbération et saturation, dans un volume puissant. Des déliés de violoncelle un peu plaintifs apparurent ensuite, sur un tapis sombre provenant de notes étirées de la guitare. À nouveau émouvant, l’instrument de Mothrspace dialogua avec des rythmiques lancées par Éric Quach, qui ajouta aussi des bruits saturés pour un résultat prenant.

Délaissant son instrument, ce dernier en vint à manipuler ses pédales et potentiomètres pour une oscillation proche du larsen alors que les doigts de la main gauche de la Brésilienne allaient et venaient en slides sur le manche de son violoncelle. La fin du set principal du duo se fit plus nerveuse, avec guitare grattée et archet agissant avec vigueur, manière de remplir une fois de plus l’espace sonore de couches de drone. Pour le quart d’heure de rappel, encore plus improvisé que le reste, Bruna Wanderley débuta en solo, dans une veine très mélodique, et Éric Quach agit en trémolos puis à l’e-bow, avant de gratter quelques accords pour terminer une prestation riche et envoûtante.

François Bousquet
le 11/06/2025