Quinzaine des Cinéastes 2025 - Reprise de la sélection

 réalisateur

Christian Petzold

 date

du 10/06/2025 au 22/06/2025

 salle

Forum des Images,
Paris

 tags

Christian Petzold / Forum des Images

 liens

Forum des Images

 dans la même rubrique
du 18/01/2025 au 26/01/2025
Festival Premiers Plans d’Angers 2025 - Reprise du Palmarès
(Forum des Images)
du 18/11/2024 au 24/11/2024
Entrevues - Festival International du Film de Belfort 2024 - (…)
(Cinémathèque Française)
du 26/09/2024 au 02/10/2024
Festival Biarritz Amérique latine 2024 - Reprise du palmarès
(Cinémathèque Française)
du 05/06/2024 au 16/06/2024
Quinzaine des Cinéastes 2024 - Reprise de la sélection
(Forum des Images)

Fidèle à sa ligne de conduite pour sa troisième édition à la tête de la Quinzaine des Cinéastes, Julien Rejl a poursuivi la décrue quantitative (19 films cette année, quand on était monté à 23 sous la direction précédente) et le choix de noms largement inconnus (8 premiers longs-métrages étaient retenus, contre 5 et 6 les deux dernières années). Avec la volonté de pousser à six le nombre de propositions françaises, et la large place faite à l’Amérique du Nord (4 films venant des États-Unis et du Canada), il restait peu de possibilités aux autres filmographies pour être représentées conduisant, suivant une forme d’alternance, l’Amérique du Sud et l’Europe méditerranéenne à être totalement absentes de la sélection 2025. Pour la reprise au Forum des Images, dans un contexte un peu morose compte tenu des annonces relatives à l’institution parisienne (réduction à venir du nombre de projections, baisse des effectifs et autres mesures d’économie consécutives à la diminution de la subvention municipale), on fit le choix de quatre longs-métrages, dont deux premiers films, et la nouvelle réalisation de Christian Petzold, cinéaste largement suivi et apprécié (mais qui dut attendre plus de quinze films pour être sélectionné dans une des sections cannoises).

Venant deux ans après Le Ciel Rouge, très belle réussite de l’Allemand, Miroirs n°3 paraît opérer dans un registre voisin avec cette maison à la campagne, ces quatre personnages (dont Paula Beer, habituée des films de Petzold) et ces questionnements sur les relations interpersonnelles. Mais la rencontre entre Laura (rescapée d’un accident de voiture survenu à proximité de la maison) et Betty (habitant la maison et y accueillant la jeune femme) se trouve emplie d’une forme de gravité sous le calme apparent de l’environnement. Filmé et joué au cordeau, comme toujours chez le réalisateur allemand, Miroirs n°3 souffre toutefois d’être un peu trop prévisible dans son déroulement et parfois trop appuyé, à l’image des scènes où une musique ou chanson (un Prélude de Chopin, The Night de Frankie Valli and The Four Seasons) sont convoquées pour exprimer les sentiments tus par les personnages. Le film de Christian Petzold, bien que très beau dans ses intentions et son esthétique, finit alors par manquer de subtilité et même de mystère, nonobstant les nombreux non-dits.

Pour son premier long-métrage, Lloyd Lee Choi s’est attaché à un livreur de repas à vélo, d’origine chinoise, sillonnant les rues de New-York pour gagner les quelques dollars qui lui permettront de (sous-)louer un appartement et accueillir sa famille venue le rejoindre depuis l’Asie. Avec un tel point de départ, l’envie vient vite de relever les différences entre Lucky Lu et L’Histoire de Souleymane (projeté l’an passé à Cannes, et qui a fait l’objet d’une très bonne réception à l’automne dernier) : New-York face à Paris, mais même sens de la débrouillardise et même présence de la famille comme horizon fantasmé qui permet de tenir dans la jungle des villes, parmi les voitures qui frôlent les héros, les magouilles en tout genre et les clients ou restaurateurs peu amènes. Les voies et moyens diffèrent cependant entre les deux films, et le réalisateur coréano-canadien montre bien la force (et les limites) de la communauté chinoise de l’East Village, tandis qu’à l’inverse de la France, les services sociaux et institutions sont totalement absents. La « chance » de Lu réside, alors, dans sa capacité de rebond, retracée tout au long d’un film qui ne se singularise cependant pas suffisamment.

Trajectoire de deux jeunes femmes au sein d’un groupe de jeunes gars, Les Filles Désir se déroule dans les quartiers Nord de Marseille, le temps d’un été. En charge du centre social qui accueille les enfants du secteur, le groupe va se trouver chamboulé avec le retour de Carmen, partie depuis sept ans et qui était tombée dans la prostitution. Aux côtés de Yasmine, benjamine du groupe, les deux héroïnes vont s’empouvoirer progressivement, alors que le long-métrage s’étend, avec un peu de complaisance et de fatalisme, sur les attitudes bravaches des gars : drague plus que lourde, fanfaronnades, échanges de coups d’épaule et vantardise à tout crin. Avec un peu d’humour parfois, ces figures se fissurent doucement, tandis que le film de Princïa Car se fait possiblement trop appuyé dans son opposition entre deux visions de la femme, relayées notamment par leurs prénoms prédestinés. On relèvera néanmoins une volonté louable de ne pas trop essentialiser ce groupe des quartiers Nord (pas d’arme à feu, ni de maillot de l’OM, ni de morceau de Jul, pour faire vite) et une énergie dans la capacité à concilier long travail préparatoire (près de quatre ans) et sensation d’improvisation permanente.

Deux femmes sont également au centre de Que ma Volonté soit faite : Nawojka, post-adolescente qui vit avec père et frères dans une ferme du bocage vendéen, et Sandra, la quarantaine punk, qui revient dans le même village pour vider la maison de ses parents. D’origine polonaise, la famille de Nawojka est très bien intégrée dans ce village, mais la jeune femme paraît avoir reçu de sa mère décédée un pouvoir étrange qui décime le bétail. Aux limites du fantastique, le film de Julia Kowalski va dérouler une litanie de figures attendues : mariage arrosé, frères bourrus, père aimant, alter-ego féminin un peu aguicheuse et rejetée par tout le village, poids de l’héritage maternel façon malédiction, etc… Sur le plan esthétique, métaphores et symbolisme sont convoqués à foison (liquide amniotique, chasse sauvage à la biche, feu et pluie purificateurs) tandis que la réalisatrice abuse des zooms soudains, destinés à marquer l’intensité d’un regard subjectif. Avec son filmage en 16mm, Que ma Volonté soit faite parvient à rendre saisissantes les images sanguinolentes et visqueuses des gros plans insistants, pendant que le jeu quasi-caricatural de Roxane Mesquida (en Sandra) trouve un utile contrepoint dans l’interprétation plus convaincante de Maria Wróbel (Nawojka). Les deux comédiennes se trouvent, en tout état de cause, au service d’un regard, assez problématique, sur les femmes (vues comme tentatrices ou habitées) qui, s’il ne venait pas d’une réalisatrice pourrait assurément être taxé de misogyne.

Dates de sortie en salles :
  Les Filles Désir : 16 juillet 2025
  Miroirs n° 3 : 27 août 2025
  Que ma Volonté soit faite : 19 novembre 2025

François Bousquet
le 23/06/2025

À lire également

04/04/2009
Festival Nemo 2009 : (…)
(Forum des Images)
du 21/01/2023 au 29/01/2023
Festival Premiers Plans
(Forum des Images)
du 28/05/2014 au 07/06/2014
Quinzaine des Réalisateur
(Forum des Images)
du 23/11/2011 au 29/11/2011
Festival du Cinéma Allema
(L’Arlequin)