Blevin Blectum / Lucky Dragons / PlanningToRock

20 et 21 octobre, deux soirées intitulées In Famous Carousel, dédiées au mélange des disciplines. Hier, au Point Ephémère, improvisation, électro-rock et noise. Ce soir au Centre Pompidou, une affiche plus proche de nos préoccupations, moins extrême aussi.

La soirée débute avec Blevin Blectum que nous n’avions jamais vu, ce qui faisait déjà une bonne raison de faire le déplacement. Connue notamment pour son duo avec Kevin Blechdom que l’on croise très fréquemment, on ne pouvait rater cette occasion de découvrir l’autre moitié de ce fameux duo. Aucune comparaison possible entre les deux projets puisque là ou l’une occupe le terrain des cabarets électro, l’autre reste rivée derrière son laptop et nous délivre un set instrumental composé de rythmiques syncopées et collages frénétiques, susceptibles de faire mouche auprès de tout fan des Dat Politics. On a alors l’impression de très vite cerner ce qui nous attends, jusqu’à ce qu’au milieu de ce déluge sonore un petite boucle poppy occupe l’espace et fige le temps. Régulièrement, à la manière d’interludes, le tempo se calme et on se retrouve subjugué par une de ces boucles, ou une simple sonorité ample et dense, particulièrement riche. Au final, on retiendra de ce set, une electronica poppy frénétique, ponctuée de magnifiques travaux sur la matière sonore. Pendant ce temps, les vidéos diffusées laissent une large place aux animaux : une perruche qui aime se faire caresser, un banc de poissons, tandis que sur scène Blevin est déguisée en cheval...
Un set d’une demie heure, dense, durant lequel on n’aura pas le temps de s’ennuyer.

On enchaîne avec les Lucky Dragons que l’on avait déjà pu apprécier il y a quelques années à la Ménagerie de Verre et qui ne nous avaient pas laisser indifférent. A vrai dire, ils constituaient ce soir la principale raison de notre déplacement. A trop en attendre, on prenait le risque d’être déçu, mais ils furent encore à la hauteur, effet de surprise en moins bien sûr. Après nous avoir fait croire à un problème technique, l’unique membre présent du groupe déclenche la musique sur son laptop et se lance dans une danse frénétique qui constituait justement le point d’orgue de cette prestation il y a deux ans, suivant au plus près la musique diffusée par son laptop. Là, les trois autres membres du groupe prennent place, accroupis, et commencent à former une nappe de flûte avant de partir chacun dans sa mélodie. Le mélange laptop/flûte est plutôt heureux, bucolique et féérique avant de partir dans des mélopées tour à tour new age, hippie et psychédéliques.
L’éclectisme est donc toujours de mise grâce à ce mélange d’artistes aux projets solos très différents, entre les chansons a cappella de Bobby Birdman que l’on retrouvera en fin de concert, ces délires hippies, et des expériences électroniques à base de capteurs. A la rigueur, l’aspect communautaire du projet était ici pleinement à l’oeuvre puisque chaque membre du groupe incitait le public a venir jouer avec eux, tenant un capteur dans une main, et touchant la main d’un autre protagoniste pour déclencher un son. Amusant quelques minutes, mais cette séquence se prolongera plus que de raison.
Dernier quart d’heure avec Bobby Birdman à l’honneur, parfois limite crooner, puis folk-tronica chantée, et au fur et à mesure que le ton se fait plus léger, virant même à l’électro-pop tubesque, les trois autres membres du groupe s’amusent avec une webcam et leur laptop, réalisant des projections en direct, se servant de leurs t-shirts verts comme fond à des incrustations vidéos, un peu répétitif mais fun.
En définitive une prestation peut-être un peu en dessous de ce que l’on avait pu voir il y a deux ans, mais ca reste de très bon niveau.

Pour finir, on retrouvera PlanningToRock que l’on découvrait il y a quelques mois seulement au Café de la Danse dans le cadre du festival Dérapages. On ne s’étendra pas sur le sujet puisque ce fut ce soir, à peu de choses près, le même show. Toute la musique était cette fois complètement diffusée, sans aucune action de l’artiste qui pouvait ainsi se consacrer pleinement à ses changements de chapeaux, ses poses devant les projections, et sa chorégraphie minimale.

Fabrice ALLARD
le 18/11/2006