(Morr Music / Bigwax Distribution)
19/09/2025
Electronique

Electronica / Morr Music / múm
L’ennuyeux avec un groupe comme múm, c’est d’avoir débuté sa carrière avec deux excellents albums : le formidable Yesterday was Dramatic, Today is OK (maintes fois ressorti depuis sa parution en 2000) et le très enthousiasmant Finally We Are No One (porté par l’impeccable single Green Grass of Tunnel). Depuis, on est fortement tenté d’évaluer tous leurs nouveaux disques à l’aune de ces deux premiers. Il en résulte forcément de la déception, et des jugements assez raides. Pour cette livraison, après une absence discographique de douze ans et éclairée en amont par trois morceaux isolés, égrenés depuis le printemps, il est indiqué un souhait de revenir aux débuts du groupe, avec le retour de Gyða Valtýsdóttir (l’une des deux jumelles islandaises iconiques) ou une pochette représentant un tapis de laine (dans la grande tradition artisanale de l’île nordique).
Mais, à l’écoute du disque, ce qui était annoncé comme un retour aux sources voit, en réalité, le groupe islandais reprendre les caractéristiques de plusieurs de leurs albums précédents, mais sans remonter jusqu’à leurs deux premiers efforts. La construction de chaque morceau rejoue, ainsi, ce qui avait été échafaudé sur Summer Make Good avec ces longues introductions (jusqu’à une minute trente) avant l’entrée du chant, posé sur le tapis sonore concocté par les différents instruments. De même, comme sur Go Go Smear The Poison Ivy, les mélodies se font assez pauvres (à quelques exceptions près, telles Mild At Heart ou Kill The Light, deux des trois morceaux publiés avant l’album), tandis que les pistes vocales sont quasi-systématiquement doublées (Gunnar Örn Tynes et Örvar Smárason agissant en même temps que Gyða Valtýsdóttir).
Il est donc regrettable que ce soient certainement quelques-uns de ses attributs les moins pertinents que múm ait préféré réactiver sur History Of Silence. Il est aussi regrettable que le groupe ait cédé à la facilité du moment, qui consiste à penser le disque principalement pour sa sortie en LP, et à, par conséquent, en limiter la durée à une grosse demi-heure. Néanmoins, la formation nordique continue de parvenir à nous convaincre avec pas grand-chose, notamment dans les ouvertures instrumentales de ses morceaux, délicats assemblages croisant piano, guitare et électronique, ou bien dans cet échange entre cordes, guitare et voix féminines sur I Like To Shake ou lorsqu’enfin tout l’instrumentarium s’emballe, se laissant aller à un peu de folie et se montrant moins corseté (comme sur la fin d’Our Love is Distorting, avec ces cordes destructurées).
Car, en vérité, c’est certainement ce qui fait défaut à cette « electronica pastorale » (pour reprendre le joli qualificatif utilisé par Libération) : un peu de fougue et de lâcher-prise par endroits. Typiquement, sur scène, múm s’en montre régulièrement capable et c’est pourquoi nous serons, nonobstant les réserves formulées ici, présents lors de leurs concerts européens en novembre prochain.
le 25/09/2025