Meeting People is Easy #1 : Yellow6 / Ramona Cordova / Man / Teamforest

Organisé par l’équipe de la classieuse parution Fugues, le festival Meeting People is Easy proposait, pour sa première édition, deux dates. Si nous ne nous rendîmes pas à la première, programmée le 5 décembre à Glaz’art avec Tanger, TV Lumière et Rothko, nous ne manquâmes pas la seconde, sise au Divan du Monde.

Teamforest avait à peine débuté son set quand nous pénétrâmes dans la salle de la rue des Martyrs. Assis derrière son laptop, Philipp Bückle nous offrit un set d’electronica-pop très classique, fait de morceaux gentiment poppy à base de sonorités gracilement grésillantes, d’arpèges de guitare acoustique, de rythmiques un peu cheap, de duo vocal masculin-féminin (une jeune femme le secondait en la matière), de sifflements et de mélodica doublant le chant. Un rien trop propret, le résultat s’avéra cependant attachant et tout à fait idoine pour débuter une soirée où la convivialité était de mise à l’image de ces tables disposées au centre de la salle et sur lesquelles bougies, dragibus et chips étaient posées.

Place ensuite au duo français Man que nous voyions pour la première fois, en dépit de leurs passages répétés sur les scènes parisiennes que ces pages ont déjà pu évoqués. Rapidement, nous regrettâmes du reste de ne pas les avoir vu plus tôt, emballés que nous fûmes par cette musique piochant dans le post-rock (les lignes claires et gracieuses émanant d’une guitare électrique réverbérée), l’expérimental (l’utilisation d’objets divers - gobelet en plastique, bouilloire électrique, voire une perceuse électrique utilisée à travers les micros de la guitare électrique - pour créer une nappe, la basse frappée) et le jazz (dans le jeu au piano électrique ou la manière de faire sonner la basse par moments). Passionnant de bout en bout, allant de titres très mélodiques à d’autres misant plus sur la superposition apparemment incohérente de différents éléments, le set des deux Nantais emporta pleinement notre adhésion.

Nous ne pûmes en dire autant de la prestation qui suivit. Tête d’affiche de la soirée, Ramona Cordova, signé sur Clapping Music, symbolise cette attirance récente (en gros, depuis que Gravenhurst a été signé sur Warp) des labels « électroniques » pour ces musiciens folk n’ayant rien d’autre à proposer que des chansonnettes et leur guitare en bois. N’aimant déjà pas la musique de Ramon Alarcon sur disque, nous ne goutâmes pas davantage un concert où sa pénible voix de fausset et un folk usé furent mis à l’honneur. Comble du bonheur, il invita, par un mouvement d’une démagogie crasse, quelques spectateurs à venir taper de leurs mains le devant de la scène afin de fabriquer une rythmique (et oui, comme à un concert de M… super !!!).

Peu avant 22h, Yellow6 s’installa enfin sur scène pour une prestation espérée depuis que l’on suit les travaux de l’Anglais. Debout derrière ses pédales et samplers, muni de sa simple guitare électrique, Jon Attwood empila boucles mélodiques, trémoli légèrement saturés, rythmiques programmées et notes détachées et aériennes. Moins cotonneux que sur disque, l’ensemble nous parut plus « froid », ayant quelques difficultés à véritablement rentrer dans le set, gênés par les nombreux bavardages (l’entrée était gratuite et l’happy hour durait jusqu’à minuit). Accentuant par moments trop la réverbération de sa six-cordes, Yellow6 lui conféra par conséquent un caractère trop métallique dans une coloration post-4AD un peu bancale. En revanche, quand son e-bow emmena son instrument à la limite du larsen, nous fûmes plus intéressés. Impression mitigée donc à la fin d’un concert pour lequel nous ne pûmes toutefois que remercier les organisateurs.

François Bousquet
le 13/12/2006