Matana Roberts

 date du concert

18/11/2022

 salle

Dynamo,
Pantin

 tags

Dynamo

 liens

Dynamo

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Sur la foi de sa présence sur Constellation et de son accompagnement par Sam Shalabi, on se rendit à la Dynamo pour assister au concert de Matana Roberts. Après des albums sur différents labels, la Chicagoane se trouve, depuis une dizaine d’années, sur le label de Montréal pour y déployer le projet Coin Coin Chapter, relecture musicale de l’histoire des États-Unis dont le quatrième chapitre a paru en 2019. C’est pour présenter ce disque qu’elle était en tournée, avec tout un groupe pour la soutenir, formation à l’instrumentation élargie et à même d’offrir une excellente heure au public présent.

Le sextet alterna, ainsi, morceaux purement instrumentaux, chants et lectures de textes sur un tapis sonore moins enlevé, à même de pouvoir servir le phrasé très intelligible de Matana Roberts, dont la voix était samplée en direct pour doubler ses propres interventions. Quelques vocalises et murmures timbrés assuraient les transitions entre ces versants musicaux, conduisant à des morceaux dans lesquels de très courts soli (deux ou trois mesures maximum) intervenaient, bien loin des standards jazz. Assurément, l’essentiel était bien le collectif, sentiment souligné par la disposition de la formation, dans un arc de cercle égalitaire avec la Chicagoane côté jardin et non pas à l’avant-scène.

Cela ne l’empêchait toutefois pas de diriger le groupe de sa main droite, tandis que la gauche tenait toujours son saxophone alto : invitation à tenir une note continue, à aller crescendo ou decrescendo, à s’arrêter ou repartir, à désigner un soliste ou bien une répétition du thème principal. Musicalement, les dialogues étaient fréquents et féconds entre les six musiciens : la guimbarde de Ryan Sawyer pouvait ainsi échanger avec l’oud de Sam Shalabi, l’harmonica de Matana Roberts avec l’accordéon d’Hannah Marcus, le violon de cette dernière avec la contrebasse de Nic Caloia ou encore la clarinette de Matana Roberts avec le basson de Joy Guidry.

Des ruptures de rythme permirent au sextet d’aller chercher des registres différents, de passer du free-jazz à une forme plus proche de la ballade, d’introduire, au sein de leurs propres titres, un chant spiritual, une chanson traditionnelle de marin (Roll The Old Chariot Along) (chantée quasiment a capella avec une simple note tenue de contrebasse et quelques coups de grosse caisse), une relecture d’un standard (Tennessee Waltz) ou d’un gospel de Noël (This Little Light Of Mine). Pour les passages plus entraînants, Ryan Sawyer officiait au vibraphone et, plus souvent, à la batterie où, avec ses baguettes, il frappait vigoureusement caisse claire et charleston, dans un geste aussi enthousiasmant que tranchant avec le reste d’un set à la variété certaine et à l’énergie communicative.

François Bousquet
le 23/11/2022