Mystères de l’Est II : én / The Sonic Catering Band / Budapastis

 date du concert

01/12/2005

 salle

Point Ephémère,
Paris

 tags

Dragibus / én / Point Ephémère / Soirées Mystères de l’Est / The Sonic Catering Band / Zsolt Sörés

 liens

Dragibus
The Sonic Catering Band
Soirées Mystères de l’Est
Point Ephémère
Zsolt Sörés

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En juin dernier, une soirée Mystères de l’Est était en fait la première d’une petite série, organisée conjointement par les associations Infamous et Kokeko. Ce premier aperçu nous permettait d’aborder les nouveaux réseaux de l’Est, et ce soir le Point Ephémère zoomait sur Budapest.

Très peu de monde dans la salle alors que débute le premier concert qui permettait de quitter la France en douceur puisqu’il s’agissait de Budapastis. De part et d’autre de la scène, Zsolt Kovacs à la guitare, et Zsolt Sores aux machines et instruments utilisés de façon inhabituelle. Au centre, Lore Bargès et Franq de Quengo, duo plus connu sous le nom de Dragibus.
Etant loin d’être fan du duo français, on partait avec un petit a priori négatif qui sera bien vite effacé. En effet ce soir Budapastis nous proposait autre chose que les comptines pour enfants auxquelles nous sommes habitués. Pour être plus précis, on appréciera énormément une première moitié de concert parfaitement construite : début timide de glockenspiel, accords épars de guitare, et bruitages improvisés de Zsolts Sores, frappant le corps d’un violon, déformant ses propres bruits avec quelques machines. L’ambiance finira de se poser avec la voix de Lore, murmurant quelques textes en hongrois : exotisme de la langue et murmures furent alors source d’une certaine magie. Une fois le public mis en confiance, les choses se corsent avec subtilité : les ronronnements et grattements de machines prennent de l’ampleur pendant qu’une belle mélodie de guitare prend forme, et puis les machines s’enraillent, des sifflements fusent, le terrain se fait plus accidenté et on frôle le bruitisme. On reviendra bien au calme par la suite, mais la deuxième moitié du concert nous paru moins construite, et faisant plus largement part à l’improvisation, sans que l’on ne décèle réellement une ligne directrice.
Une rencontre intéressante donc, entre deux univers très différents, mais une prestation en deçà des possibilités apparentes du quatuor.

Un petit quart d’heure de pause, et on passe ensuite à The Sonic Catering Band qui nous permet de retrouver nos deux hongrois auxquels se joignirent deux autres artistes. Ce projet se présente comme un groupe se produisant sur scène en faisant la cuisine, préparant des petits plats tout en samplant et retraitant les bruitages ainsi produits. En pratique, c’est un peu plus compliqué.
Sur le principe, on pense forcément au Plat du Jour de Matthew Herbert mais ici, pas de message politique. Face au grand show de l’anglais, nos quatre hongrois nous proposent de l’authentique. D’un côté on apprécie de ne pas se sentir trompé par des effets spéciaux qui laisseraient à penser qu’il y a du faux dans leur concert, mais en même temps on regrette que le principe même de leur concert ne soit pas poussé à fond, faisant au final plus office d’effet d’annonce que d’une réelle démarche artistique. Pour commencer, on n’entend qu’un gros drone : amateurs d’ambient que nous sommes, on est tout de suite séduit, mais on ne voit pas vraiment le rapport avec les samples de cuisine. Et si les sons qui servent à former ce drone sont réellement des bruitages capté sur l’instant, ils sont tellement transformés que leur intégration perd tout intérêt. Bientôt, un membre du groupe joue le rôle du cuistot en chef et se met à l’oeuvre, faisant revenir un peu d’huile dans une poêle en prenant soin de bien positionner le micro afin de capter quelques grésillements. Le bruit des oeufs que l’on casse, que l’on fouette, mais ceux-ci apparaissent tel quel et ne se fondent pas à la masse sonore. Là encore, déception.
Pourtant le concert fut musicalement très bon, alternant donc sons concrets et longs passages ambient-noise à base de drones ou textures bruitistes, mais il ne fallait pas venir ce soir uniquement pour ce spectacle, intéressant et amusant sur le papier mais qui ne prenait pas réellement corps sur scène. Dommage. On suppose que l’intérêt de cette formation est plus concret sur disques.

Le dernier concert de la soirée fut assuré par Pal Toth qui jouait ici sous le nom de én. Tout, dans le dispositif scénique réduit au strict minimum (une petite table recouverte de quelques machines), dans son attitude, sa tenue vestimentaire, bref tout nous rappelait un concert de Ilpo Vaïsanen. Musicalement par contre, pas grand chose à voir avec le Finlandais.
On partait avec un a priori positif puisque la présentation de la soirée faisait état d’un album paru sur le label portugais SIRR Records. Le début du concert répondit plutôt bien à notre attente avec quelques pulsations d’infra-basses puis l’arrivée d’un drone lancinant et quelques sifflements ou grincements. Une intro ambient de toute beauté et que l’on retrouvait régulièrement au fil du concert. Un traitement sur le son de façon brute qui donnait une impression de sculpture sonore en direct. Malheureusement ce type de manipulation perdit de sa force avec l’apparition de boucles de samples. On se sent alors trompé, croyant jusque là qu’il s’agissait de sons analogiques traités en direct, et nous retrouvant avec des samples permettant difficilement d’apprécier la part de live.
Comme le concert fut une alternance de ces deux approches, notre impression finale reste là aussi mitigée, trouvant plus d’intérêt dans le mélange de nappes et textures ambient que dans la manipulation de samples de voix bien trop répétitifs.
On repartira quand même avec son album paru chez Sirr en 2003, intitulé Op.10218 v1.2.

Fabrice ALLARD
le 08/12/2005

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